Quelques éléments de l'étude du système
hydraulique d'Alexandrie
du
IVème siècle av.J.-C.au XIXème siècle après
J.-C.
Isabelle Hairy
Tout comme Istanbul, la ville d'Alexandrie s'est développée
sur un ensemble de " citernes ", artifices de stockage propre surtout
aux pays méditerranéens. Ces citernes ont permis l'existence même de la
ville et ont conditionné sa démographie de sa fondation jusqu'à l'aube
du XXe siècle.
L'approvisionnement en eau, qui a toujours représenté le souci
majeur lors de l'installation d'une ville, a certainement eu une place considérable
dans la construction de la ville d'Alexandrie et lors de ses aménagements
ultérieurs.
Alexandrie a été édifiée sur une enclave entre la mer Méditerranée
et le lac Mariout. L'emplacement étant dépourvu d'eau douce directement
accessible, de type source ou rivière, il a fallu apporter l'eau jusqu'à
la future Alexandrie. Le creusement du canal ou khalig, partant de la
branche canopique du Nil à Schedia, point d'origine du captage, et courant
sur environ vingt-sept kilomètres jusqu'à Alexandrie, témoigne, dès la
création de la ville, de la volonté des aménageurs d'assurer un arrivage
régulier de l'eau en vue d'un développement croissant des besoins domestiques,
artisanaux et agricoles exigeant des quantités d'eau considérables. C'est
la preuve que la ville a été pensée, dès le départ, sur un plan d'expansion
remarquable.
En effet, à l'époque hellénistique, Alexandrie est une
des plus grande ville du monde méditerranéen. En l'an 60 av. J.-C., Diodore
estime la population de la ville à 300.000 citoyens libres, ce qui permet
de spéculer sur une population totale d'environ un demi-million d'âmes.
On conçoit alors l'importance de ce canal, importance attestée par les
nombreux curages et réparations dont il a fait l'objet aux époques ptolémaïque,
romaine et arabe. Si la croissance de la ville est directement liée à
celui-ci, la ville va ensuite vivre son déclin en même temps que le canal
s'ensable et se comble.